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Emery Jacquillat, président et fondateur du Groupe Matelsom
0Bonjour,
Puisque c’est mon premier post sur ce blog, je vais commencer par me présenter et vous parler de mon parcours d’entrepreneur.
Je suis Emery Jacquillat, né le 14 février 1971 à Boulogne Billancourt, d’une mère artiste peintre et d’un père dirigeant d’entreprise. Je suis le 3ème sur quatre enfants, et j’ai toujours pensé que cela avait été une chance pour moi. Mes sœurs et frère sont aujourd’hui tous des entrepreneurs : l’aîné a repris la société qu’a créée mon père en 1968, Arts Affaires, spécialisée dans la location d’œuvres d’art aux entreprises et dans le mécénat artistique. Ma grande sœur est mère de quatre enfants et ma petite sœur a créé il y a dix ans Flat33, son agence de « graphic design » à Londres.
Je suis marié et père de trois enfants (2000, 2001, 2004) qui me donnent beaucoup de bonheur. Je leur parle souvent de mon aventure d’entrepreneur. J’aime et je pratique la peinture avec eux depuis qu’ils ont 3 ans (collages et acryliques sur toile, papier et céramique, de style abstrait, avec une totale liberté).
Un des enseignements que j’essaie de leur transmettre, c’est l’optimisme et la persévérance (pour moi, les deux sont liés) : j’ai déjà connu dans ma vie d’entrepreneur pas mal de situation très difficiles… elles se sont toujours révélées comme des grandes chances pour l’avenir. Comme il y a deux faces à une pièce, il y a deux façons de voir les choses (le verre est à moitié vide ou à moitié plein, mais l’important est qu’il se remplisse .
A ma sortie d’HEC, je suis parti deux ans à New York en coopération. C’est là que j’ai découvert un service original, Dial-A-Mattress, qui proposait d’acheter son matelas par téléphone et d’être livré sous deux heures ! Le parcours de Napoleon Barragan a retenu mon attention pour deux raisons : Napoleon a lancé dès 1976 un service de vente par téléphone très en avance sur son temps (c’était le début des services de livraison à domicile de pizza). En plus d’être un visionnaire, Napoleon est devenu, par son travail, un entrepreneur symbole de la « Success Story » comme les Américains l’adorent : parti de rien, l’entreprise créée et dirigée par cet immigré équatorien de première génération est devenue le 5ème revendeur de literie aux Etats-Unis ! J’ai trouvé le concept intéressant et j’avais envie depuis toujours de créer ma propre entreprise. De retour en France fin 1994, je commence mon étude de marché et je m’aperçois qu’aucun concept équivalent n’existe : mon intuition me dit qu’on n’a pas vingt ans de retard sur les Américains dans nos habitudes de consommation : si cela fonctionne là-bas, cela doit marcher ici, d’ailleurs l’enquête que je réalise alors auprès de 400 personnes en phase d’achat de literie le confirme : 15% d’intention d’achat sur un service de conseil et de commande par téléphone de literie de grandes marques proposées à des prix bas avec une livraison rapide et une garantie 15 jours à l’essai. Cela répond à un vrai besoin exprimé par les consommateurs, pour plus de clarté dans les prix, un meilleur service (le matelas n’est pas très facile à transporter soi-même et la livraison qui bloque toute la journée pas hyper pratique quand les deux parents travaillent) et une meilleure orientation avant l’achat sur un produit qu’il n’est pas facile de choisir (personne n’est un expert en matelas puisqu’on ne le change que tous les 14 ans, tous les matelas se ressemblent, il y en a à tous les prix et cela n’est pas évident même dans un magasin de savoir si c’est le bon choix en s’allongeant quelques minutes, tout habillé, chaussures aux pieds).
Même si tous mes amis me prennent alors pour un fou (vendre des matelas par téléphone, cela ne marchera jamais, et d’ailleurs pourquoi créer sa boîte à la sortie de son école de commerce, sans aucune expérience et sans rémunération, alors qu’on peut facilement intégrer un grand groupe en étant très bien payé), je me dis deux choses : il faut forcément avoir une part d’inconscience quand on crée son entreprise, sinon, on ne le ferait pas ; la Camif et les autres VPCistes français vendent bien de la literie par catalogue et par minitel (ils représentent 7% du marché), alors pourquoi un concept de distribution spécialisée par téléphone ne marcherait pas ?
Octobre 1995, je créé la société Matelsom avec 60.000 francs de capital et démarre mon activité dans une pépinière d’entreprise à Suresnes, dans un bureau de 13 m² : la première année, je prends un tiers des appels, ce qui me permet de bien comprendre comment les clients adhèrent au concept. J’ai aussi eu droit aux grandes grèves de novembre-décembre 1995 : pas évident quand on démarre une activité de vente à distance de ne plus pouvoir utiliser la Poste ou de ne plus pouvoir livrer ses clients (les livreurs partaient à 6h du matin et revenaient à minuit en ayant pu livrer qu’un seul client, en retard sur l’horaire prévu ;(… En trois mois, j’ai dépensé ce que j’avais prévu pour le budget de la 1ère année ! Mais comme dans toute situation difficile, il y a un bon côté, mon agence d’achat d’espace m’appelle en décembre pour me proposer de faire une campagne d’affichage dans les wagons de métro à un prix imbattable : je dis OK et le 1er janvier 1996, les métros et RER parisiens circulent à nouveau, avec nos panneaux publicitaires en fond de rame. C’est le véritable démarrage de l’activité, les appels pleuvent, le succès est au rendez-vous. Cette grève a été une chance, parce que je n’aurais jamais osé communiquer dans le métro sinon (les tarifs publicitaires normaux étaient dissuasifs et cela ne me semblait pas évident de retenir un numéro de téléphone en lisant une affiche, alors qu’à l’époque, on n’avait pas de téléphone portable pour noter).
Matelsom réalise 100% de croissance d’une année sur l’autre de 95 à 99. En 1998, après avoir hésité (pas très longtemps entre la création d’un service Minitel (un tiers des commandes de la VPC traditionnelle) et un site internet, nous lançons www.matelsom.com, un des tout premiers sites marchands en France. Depuis 2000, notre chiffre d’affaires a été multiplié par dix, par une croissance interne soutenue par le développement du e-commerce en France, par le développement de partenariats sur internet (Matelsom apportant son savoir-faire sur la gestion de la literie chez de nombreux marchands) et également grâce à des acquisitions que nous réalisons au fil du temps et sur nos fonds propres, constituant petit à petit le Groupe Matelsom : meubles.com en 2003, la Camif en 2009 et Authentica en 2010.
Bref, ce n’est que le début d’une aventure dans laquelle j’apprends et je m’épanouis chaque jour, en essayant chaque jour de contribuer à trouver de nouvelles idées pour améliorer le service rendu aux clients.